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Newsletter #10


L’année commence sur les chapeaux de roues ! Beaucoup d’activités prévues pour ce premier trimestre 2023, beaucoup d’énergie, des contacts réjouissants et de projets dans les cartons ! On vous en parle ici :)


Au programme

  • Quelle place pour les femmes dans nos activités ?

  • Le retour sur nos événements de février

  • Les prochains événements !

  • Des recommandations


# Quelle place pour les femmes dans nos activités ?


En ce début d’année, nous avons tenté à deux occasions d’ouvrir un peu plus que d’habitude nos activités à un public féminin. La première occasion était le cycle de trois ateliers “Qu’est-ce qu’on fait des agressions ?”. Nous encouragions tout le monde à participer indifféremment du genre car la conscience du problème des violences sexistes et sexuelles dans notre tissu social est depuis #MeToo devenue publique et collective. Il s’agit d’un sujet politique, qui nous concerne toustes, à tous les niveaux : victimes, coupables, témoins, complices, ami·e·s, adelphes, collègues, confident·e·s, … Ca nous semblait donc pertinent de traverser ce cycle ensemble, afin qu’une diversité de perspectives soient représentées et puissent se nourrir les unes les autres.


La deuxième occasion à laquelle nous avons “ouvert” notre public est la mensuelle “A propos d’amour”. L'événement a provoqué un grand nombre d’inscriptions féminines (environ un tiers des inscrits), ce qui n’est pas vraiment surprenant. Les milieux féministes sont travaillés depuis l’automne par les récentes traductions de À propos d’amour et de Communion. Aimer en féministes de bell hooks, le sujet de l’amour est donc en vogue, il fait réfléchir et parler. De plus, le féminisme met du pain sur la planche de nombreux couples hétérosexuels : le couple est un lieu important de friction et de nombreux hommes ont commencé à réfléchir l’impact du patriarcat dans leur vie à partir de leur expérience de couple avec une féministe. (Si c’est votre cas, jetez un œil à cette recherche de candidats pour une étude sociologique.) On a donc accepté un plus grand nombre de femmes lors de la mensuelle de février.


Néanmoins, cette situation nous a pas forcément satisfait·e·s et nous a fait réfléchir. Voici une note dans laquelle on partage notre réflexion et on explique ce qu’on attend des femmes intéressées par nos activités.

# Retour sur les événements de février


La mensuelle de février : À propos d'amour Ce 14 février, nous nous sommes retrouvé·es à la Vieille Chéchette pour parler d’amour. La mensuelle est un format qui attire beaucoup de monde, on commence ce jour-là un peu à l’étroit avant de se disperser dans tout le café pour discuter d’une myriade de sujets liés à l’amour. Réinventer le couple, s’extraire des schémas patriarcaux préfabriqués, identifier et préserver les besoins et les limites de chacun·e au sein du couple, exprimer des émotions et dire “je t’aime” - constater le vocabulaire désespérément limité de la langue française pour s’inspirer d’autres modèles -, la manière dont on parle d’amour entre hommes, le jeu de la séduction, les dynamiques de pouvoir qui peuvent survenir, appréhender la vulnérabilité, l'autonomie, le soin, …


Il faut l’admettre : “parler d’amour” en 3 heures, c’est ambitieux. On a décollé très vite pour partir très très loin, les sujets étaient denses, riches, urgents mais venaient avec une forme de vertige aussi. Un tour de débriefing final a permis d’identifier un sentiment latent : c’est difficile de parler de ressenti, d’émotions, et nous partons si vite dans de grandes considérations abstraites, intellectuelles. Peut-être toute cette soirée pourrait être résumée à travers son angle mort, la question au cœur de toutes les autres mais qui n’a été énoncée que tout à la fin. Si nous n’avions dû parler que d’une chose, ce serait la question : “Comment est-ce que j’aimerais aimer, et être aimé ?” Voilà qui a de quoi nous faire mijoter jusqu’à la prochaine fois !


Le début du cycle thématique "Qu'est-ce qu'on fait des agressions ?" Pour aborder la question des agressions, nous avons choisi d’organiser trois ateliers en suivant la progression suivante : un volet judiciaire, un volet politique et enfin un volet interpersonnel. Les deux premiers ateliers ont eu lieu durant le mois de février.


En effet, le problème est un oignon : il y a des couches prises les unes dans les autres (et quand on l’ouvre, ça fait pleurer). Des individus - les vrais gens concernés par ces violences, ces actions et ces paroles concrètes - sont pris dans des tissus sociaux, des communautés, une société, un monde déjà structuré qui leur préexiste et dans lesquels ils s’inscrivent. Connaître le contexte permet de saisir les enjeux et d’agir avec justesse, quand on le peut.


Le premier atelier (Est-ce qu’il faut banaliser ou criminaliser les violences sexistes et sexuelles ?) interrogeait le recours au système judiciaire pour intervenir en cas d’agressions. N’est-ce pas son travail, à la justice, de régler les litiges ? Pourquoi ne pas la laisser simplement faire ce travail ? On constate une grande perte de confiance des gens dans le système judiciaire, et ce en raison de manquements importants (une réception des plaintes criblée de stéréotypes dans les bureaux de police, une justice très/trop lente, un très grand nombre d'acquittements et de non-lieu faute de preuves disponibles, des violences institutionnelles, un système judiciaire et carcéral raciste et classiste, …). Mais doit-on toujours passer par le judiciaire ? Le code pénal belge a été complètement réformé en 2022 pour mieux correspondre aux demandes de la société civile en matière de violences sexistes et sexuelles (introduction de la notion de consentement, nouvelle définition du viol, meilleure prise en compte du contexte dans lequel les agressions ont eu lieu, etc.), mais cela ne signifie pas qu’il est toujours profitable de porter plainte ou d’aller au tribunal. Comment prendre en compte le continuum des violences et la culture du viol : le fait que nous soyons dressés selon notre genre à reproduire des schémas de domination et de violences qui s’infusent dans toutes les aspérités de notre vie ? Qu’est-ce qu’on fait du fait qu’environ 80% des victimes de viol connaissent leur agresseur ? La réalité des violences sexistes et sexuelles dans nos vies est complexe et dépasse de loin la question du droit.


Après un fascinant détour historique sur les fondements et l’évolution du droit pénal (de la dépénalisation des crimes d’Ancien Régime au 18e siècle à la judiciarisation à outrance de la société depuis les années ’90), nous arrivons à la conclusion que le judiciaire est incapable de supporter l’ensemble des crimes commis et que pourtant, nous avons besoin de justice. Ce besoin de justice se traduit par des formes de justices alternatives, notamment inspirées des milieux libertaires anarchistes et féministes. On trouve des expérimentations et des réflexions là-dessus dans les travaux de féministes anti-carcérales comme Gwenola Ricordeau ou Angela Davis (parmi tant d’autres).


Notre deuxième atelier a donc comme point de départ le fait que la société civile (= nous, les gens) doit aussi pouvoir se responsabiliser et se former à gérer des litiges, d’où la question : Au sein d’une communauté, qui prend en charge les agressions et avec quels outils ? Le travail d’écoute, d’empathie, de soin, de pacification et de maintenance du tissu social est souvent porté par des femmes ou des minorités, souvent invisibilisé, et aussi souvent réalisé avec peu d’outils. Ce deuxième atelier s’inspire de l’atelier “Les histoires qu’on se raconte… sur nous-mêmes” et du manuel Mieux gérer nos conflits. Traité pratique et politique à propos de violence intracommunautaire d’Eris, précédé d’un détour par un point philo sur les registres de vérité. Il traite de l’importance de pouvoir tenir différents niveaux de vérités et de ne pas les mettre en compétition, mais aussi de bien identifier nos casquettes et nos possibilités à l’intérieur d’un tissu social.


Durant l’atelier, un participant exprimait qu’il trouvait ça injuste de traiter des violences sexistes et sexuelles comme des conflits : un conflit est un désaccord, une dispute entre deux personnes alors qu’une agression ou un viol sont des actes de violences (condamnables !) exercés par quelqu’un sur quelqu’un d’autre. Non, un conflit n’est pas une agression (clin d'œil à Sarah Schulman) et ce n’est pas juste de les traiter pareil. Dans l’échange qui a suivi, on a pu remarquer amèrement que le monde n’était pas juste et que pour des victimes, c’est souvent l’option pragmatique qui offre les perspectives les plus optimistes. Les victimes, particulièrement lorsqu’elles sont issues de minorités, sont souvent silenciées et mises à l’écart, d’autant plus que les formes de violences les plus brutales et les plus intimes tendent à provoquer une réaction de déni. C’est généralement aux victimes elles-mêmes que revient ce travail de rendre leur agression entendable par la communauté et se saisir des outils de la gestion de conflits est encore la meilleure manière pour elles d’être entendues. Ce n’est pas juste, mais c’est pragmatique.


A travers cet échange, on s’approchait déjà du troisième niveau d’analyse : que fait-on de la colère, de la souffrance, de l’injustice - des personnes concernées et des émotions qu’elles trainent ? Comment réparer l’irréparable ? A quoi peut bien ressembler une guérison, quand elle existe - si elle existe ? On clôture ce cycle le 21 mars, avec l’atelier : Réagir après coup : responsabilité et réparation.


# Les prochains événements !


La mensuelle de mars Le 14 mars, nous vous proposons le thème "Paternité, pères, papas". Venez avec un sujet en tête sur la paternité, avec vos questions sur les papas ou venez avec les mains dans les poches ; venez en tout cas rencontrer d'autres gens qui désirent s'y coller ensemble. On lance la conversation :)

  • Quand ? Le 14 mars (les deuxièmes mardi du mois)

  • Où ? Au café-bouquinerie coopératif La Vieille Chéchette (2-6 Rue du Monténégro, 1060 Saint-Gilles)

  • Horaire ? Ouverture des portes à 18h30, début de l’activité à 19h, fermeture à 22h30.

  • Inscription souhaitée via ce formulaire ! Le nombre de places est limité. (Vraiment.)

  • Pour qui ? Cet événement s’adresse à des personnes dont l'identité de genre s'est construite, à un moment ou à un autre dans la masculinité, que cela soit de manière assignée, transitionnelle, revendiquée ou rejetée.

  • Toutes les infos sont dispos sur l’événement Facebook.

Si tu ne sais pas ce qu’est une mensuelle et que tu veux y remédier, clique ici.


Le théâtre des Martyrs et La Bonne Poire présentent "Girls and Boys"

Ce 18 mars, on vous propose en partenariat avec le Théâtre des Martyrs une rencontre autour de la pièce Girls and Boys, un seul en scène percutant de France Bastoen, en présence du metteur en scène, Jean-Baptiste Delcourt.


Girls and Boys est une pièce écrite par Dennis Kelly, dans laquelle une femme raconte son histoire. Simplement. Une rencontre amoureuse qui commence dans une file d’attente EasyJet, une carrière prometteuse dans l’industrie du cinéma, l’arrivée des enfants – jusqu’à ce que… C’est une histoire faite de confessions douloureuses, de retours sur ses petits moments de bonheur, d’humour cinglant et de dure confrontation à la réalité. L’incompréhensible confrontation à la réalité. Dennis Kelly y construit brillamment une expédition dans les méandres d’un quotidien qui s’effrite, se fissure, par petits coups.


Si nous vous proposons de venir voir cette pièce, c’est qu’elle capture de façon particulièrement lucide (mais dans une lucidité proche de la folie) ce qu’est la violence masculine. Quand ça commence ? Où ça s’arrête ? Comment s’imbrique-t-elle dans le tissu du quotidien, l’air de rien, jusqu’à ce que… Construite comme un puzzle, elle nous fait voir les méfaits d’une société patriarcale à travers la voix intime d’une femme. Entendre les hommes et la violence masculine racontée par une femme, voilà un exercice auquel les hommes ont tout intérêt à se prêter, encore et encore.


Après la pièce, nous poursuivrons avec une discussion qui a pour titre "La société n'est pas faite pour les hommes, mais pour les contenir".

  • Quand ? Le samedi 18 mars à 19h (début de la pièce, soyez là plus tôt!). La discussion débutera vers 20h45.

  • Où ? Au théâtre des Martyrs, à Bruxelles

  • Combien ? Bénéficiez d’un tarif réduit en vous inscrivant via La Bonne Poire ! Nous comptons sur chacun·e pour choisir sa catégorie tarifaire avec honnêteté : on vous fait confiance.

  • Inscription obligatoire via ce formulaire.

  • Toutes les infos sont dispos sur l'événement Facebook.


Dernière rencontre du cycle "Qu'est-ce qu'on fait des agressions?" La troisième soirée consacrée à la réflexion autour de la gestion des agressions, “Réagir après coup : responsabilité et réparation” (volet interpersonnel), aura lieu le 21 mars. On invite surtout les personnes qui ont déjà participé aux autres ateliers du cycle à participer, car le cycle est pensé comme un tout cohérent.

  • Quand ? Le 21 mars - 18h30 ouverture des portes ; 19h début de l'activité ; 22h30 fermeture.

  • Où ? Maison des Solidarités - 133 rue du Viaduc - 1050 Ixelles (salle LaFontaine)

  • Inscription via ce formulaire.

  • Toutes les infos sont dispos sur l’événement Facebook.


L'atelier "Masculinités : Travailler l'inconfort par le corps", édition de printemps Suite à une première édition qui a suscité beaucoup d’enthousiasme en décembre, nous proposons une réédition de cet atelier corporel avec André Chapatte, pour permettre à de nouvelles personnes d’y participer. Si des participants de la première édition veulent le refaire, rien ne l’empêche.


La culture patriarcale exige des hommes qu'ils inhibent leurs émotions et mutilent leur vie affective. (Nous avons rédigé un petit texte à ce sujet, pour celleux qui souhaitent aller plus loin, c’est par ici). La peur de l'intimité, l'inconfort de la tactilité, la difficulté de dire ses émotions peuvent être travaillés à travers le corps. André Chapatte (artiste, danseur, performeur et animateur sur les interactions entre corporéité et masculinité) nous propose un moment de découverte de soi et de l’autre à travers le corps, les gestes, le toucher.

  • Quand ? Le 27 mars à 18h

  • Où ? 35 rue de l’Argonne - 1060 Saint-Gilles

  • Pour qui ? Pour toute personne dont l'identité de genre s'est construite, à un moment ou à un autre dans la masculinité, que cela soit de manière assignée, transitionnelle, revendiquée ou rejetée.

  • Inscription via ce formulaire.

  • Plus d’infos sur l’événement Facebook.


# Des recommandations

Cette newsletter est déjà bien longue ! Voici quelques recommandations, mais elles sont bien plus nombreuses dans la section "ressources" de notre site. N'hésitez pas à aller y jeter un oeil :) Au sujet de l'amour

Au sujet des agressions


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